À l’occasion des Journées mondiales du livre et du droit d’auteur le 23 avril, ainsi que de la propriété intellectuelle le 26 avril, L’Actu donne un coup de flash sur l’unité de référence de l’Université de Strasbourg en la matière : le Laboratoire de recherche du Centre d’études internationales de la propriété intellectuelle (Ceipi). Entretien avec Christophe Geiger, son directeur.
Quels sont les enjeux des recherches sur la propriété intellectuelle ?
Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une véritable mutation de l’économie vers une économie de la connaissance. D’ailleurs, dans de nombreux documents stratégiques de l’Union européenne, l’accent est désormais mis sur le rôle crucial de l’innovation et de la valorisation des connaissances. Le droit de la propriété intellectuelle s’intéresse justement à la connaissance et propose un cadre juridique. Son rôle est d’accompagner cette mutation de la meilleure manière. Il en va de la survie de nos économies mais également du modèle social européen.
Les enjeux ne sont pas uniquement économiques mais également sociétaux. Le droit de la propriété intellectuelle est essentiel, mais souvent mal compris. Nous réfléchissons à la manière de proposer des normes performantes qui seraient acceptées et donc appliquées. Il faut trouver un bon curseur entre une valorisation de l’innovation par la protection adéquate et un système juridique qui n’étouffe pas l’innovation future. La réflexion est également sociologique et philosophique : quelle place, quelle justification et quel régime au droit de la propriété intellectuelle pour qu’il soit intégré, approprié et efficace ?
Une dimension plus complexe s’y ajoute : l’économie et les technologies de l’information sont globalisées. Internet se joue des frontières alors que nos droits sont encore souvent territoriaux, donc nationaux. De plus, le droit doit refléter les particularités culturelles des différents pays, tout en proposant des normes à vocation planétaire, ce qui constitue une équation difficile.
Comment le Ceipi s’intègre dans cette démarche ?
Le Ceipi entend répondre à ces questions avec son laboratoire, très actif et bien évalué dernièrement par l’Aéres*. Il existe d’autres instituts dans ce domaine en France mais le Ceipi a cette particularité de l’ouverture à l’international, l’Europe, le droit comparé et la pratique. Il exerce des activités de conseil, en tant qu’expert, auprès des organismes internationaux et des institutions communautaires et européennes. Il développe également un partenariat très important avec l’Asie, en particulier Singapour dont l’ambition est d’être la plateforme de la propriété intellectuelle dans cette région. Mais aussi avec le Brésil, l’Argentine, les États-Unis d’Amérique, la Russie et de nombreux pays des Balkans. Il a une expérience de 50 ans. D’ailleurs, son anniversaire sera célébré l’année prochaine par un grand colloque lors de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle le 26 avril 2014.
Quel est le projet que vous avez avec le Bureau d'économie théorique et appliquée (Béta) ?
Porté par le professeur Julien Penin du Béta et moi-même, en partenariat avec la Fondation de l’Université de Strasbourg et grâce au mécénat d’Air liquide, ce projet a débuté concrètement en janvier 2013 avec le recrutement d’un post-doc. Il s’intitule « Le rôle stratégique de la propriété intellectuelle et la nécessaire (re)construction du droit de la propriété intellectuelle dans un nouvel environnement économique, technologique et social ». Son but est de développer les capacités de recherches interdisciplinaires, en approfondissant des sujets tels que l’innovation ouverte, l’utilisation stratégique et la mise en œuvre des droits de propriété intellectuelle. Le partenariat avec le Béta nous permet de présenter une double approche juridique et économique sur des questions liées à l’innovation. Nous pouvons aussi vérifier que certaines analyses juridiques sont validées par des raisonnements économiques, ce qui leur donne plus de force (et vice versa).
Que préconisez-vous à moyen terme pour la recherche en matière de droit de la propriété intellectuelle ?
Il y a déjà énormément de choses réalisées dans ce domaine, cependant il faudrait impérativement passer à la vitesse supérieure à Strasbourg, mais aussi en France et en Europe. La recherche juridique est un peu le parent pauvre de la recherche. Vu la mutation et les enjeux qui se présentent, l’effort devrait être beaucoup plus important. Pourquoi ne pas mettre en place un Plan Marshall pour le droit de la propriété intellectuelle, afin de (re)construire un cadre juridique performant en Europe pour stimuler la compétitivité de nos économies ? Cela passera par un vaste effort préalable en matière de recherche. Nous avons hélas accumulé un retard certain en France par rapport à nos voisins européens, qui investissent de manière très importante dans ce domaine. Il y a une importante carte à jouer à Strasbourg du fait de la forte compétence de l’ensemble des acteurs en présence en matière de propriété intellectuelle et du rayonnement du Ceipi. Cela devrait être une priorité stratégique de l’Université de Strasbourg.
Propos recueillis par Fanny Del
Le débat de l’Aubette du 10 avril dernier sur le thème des villes et territoires créatifs a été l’occasion pour le public strasbourgeois de découvrir les travaux de recherche menés en économie de la créativité au sein du Bureau d’économie théorique et appliquée (Béta – UMR 7522), et leurs applications.
Depuis une trentaine d’années déjà, le professeur Jean-Alain Héraud s’intéresse à l’économie et au management de l’innovation, et apporte son expertise en matière de développement des territoires ou de politiques d’innovation. « Les dernières années ont vu émerger le concept de créativité comme phénomène amont et nécessaire au processus d’innovation ; c’est pourquoi, on parle d’économie de la créativité », explique Jean-Alain Héraud. « En tant qu’économiste, je ne me prononce pas sur la création en tant que telle, qu’elle soit scientifique, technologique ou artistique. Par contre, mon travail consiste à m’interroger sur la manière dont les organisations - entreprises, institutions ou territoires - peuvent se structurer pour favoriser la créativité et exploiter au mieux les comportements créatifs. » Tout l’enjeu de ces réflexions est de stimuler l’innovation et la croissance économique dans ces systèmes de routine que sont les organisations, quelles que soient leur dimension et leur typologie. Comprendre quels sont les déterminants de la créativité et de l’innovation, pourquoi certains pays, certaines entreprises y arrivent mieux que d’autres permet ensuite aux chercheurs d’apporter leurs préconisations, et de participer à la définition des stratégies des organisations.
Idée créative + esprit d’entreprise = innovation
Sans juger de la création en tant que telle, les économistes cherchent tout de même à définir ce que l’on appelle la créativité et qui sont les créatifs. « Une idée créative, c’est une idée à la fois nouvelle et appropriée», souligne le chercheur. Elle peut être d’ordre scientifique et technique mais aussi relever de domaines organisationnel, sociétal, culturel, artistique, etc. Et l’idée créative pourra mener à l’innovation, si l’on ajoute un ingrédient indispensable : l’esprit « entrepreunarial » ! « Être créatif, c’est savoir penser “en dehors de la boîte”, savoir changer complètement d’optique. Notre travail est de proposer des modes de gouvernance des organisations qui autorisent des modes de pensée, des visions en rupture. »
Les économistes du domaine cherchent également à mesurer le potentiel créatif d’une organisation (ou d’un territoire) grâce à différents indicateurs. « En France de manière général, il y a encore trop peu d’interaction entre le milieu créatif au sens large et le monde économique qui permettrait de passer de la créativité à l’innovation », insiste Jean-Alain Héraud. Deux questions se posent alors : comment rendre plus créatives les industries classiques ? Et comment développer l’activité économique des industries culturelles et artistiques ? Il faut créer un dialogue entre les différentes communautés et, pour ce faire, créer des lieux de rencontre physiques ou virtuels, en plus de proposer des outils financiers ou structurants permettant aux entreprises créatives de germer. C’est l’objectif de la ville de Strasbourg qui s’est lancée depuis 2009 dans une politique de développement de ville créative et qui s’appuie fortement sur les travaux et conseils du Béta (voir la vidéo du débat de l’Aubette « Villes et territoires créatifs »). « En Alsace et à Strasbourg en particulier, il ne s’agit pas forcément d’attirer les créatifs car les forces vives sont là et nous disposons d’une variété considérable de compétences et de connaissances. Il s’agit de trouver des moyens de les faire dialoguer », conclut le chercheur.
Anne-Isabelle Bischoff
Synchroniser l'activité de reproduction avec les saisons est essentiel aux espèces vivant dans des zones tempérées.
La naissance et le sevrage des petits doivent avoir lieu au printemps et au début de l'été, période de l'année où les conditions climatiques sont favorables et où les ressources alimentaires sont abondantes, tant pour la mère qui allaite que pour les petits. Pour se repérer dans le décours de l'année, les animaux utilisent la durée du jour, ou photopériode, courte en hiver, longue en été.
Valérie Simonneaux et son équipe de l'Institut de neurosciences cellulaires et intégratives s'attachent à décrypter les mécanismes neuroendocrines qui permettent la synchronisation de l'activité de reproduction des mammifères avec les saisons. Leurs travaux récents montrent que l'hormone TSH peut être considérée comme une « neurohormone du printemps », qui réveille l'axe reproducteur quand les jours s'allongent. Cette hormone secrétée par l'hypophyse contrôle en effet, sous l'influence des saisons, la synthèse de deux neuropeptides hypothalamiques qui sont de puissants stimulateurs de la fonction de reproduction.
Il y a peu, on croyait encore que chaque espèce animale disposait d’une organisation sociale spécifique invariable – monogamie, polygamie, vie de groupe ou plus solitaire, etc. On sait désormais que ce système n’est pas figé : des variations sont possibles au sein d’une même espèce.
Pour la première fois, Carsten Schradin, chercheur CNRS au Département d'écologie, physiologie et éthologie de l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien de Strasbourg (CNRS/Université de Strasbourg), a tenté de déterminer les causes de ces variations. En se basant sur ses propres travaux et la littérature scientifique traitant de l'organisation sociale, il a identifié quatre raisons majeures : la variation génétique entre populations d'une même espèce, la plasticité au cours du développement précoce, la flexibilité sociale et enfin des événements aléatoires.
Des chercheurs de l’Institut Charles-Sadron de Strasbourg (CNRS) et de l'unité Biomatériaux et ingénierie tissulaire (Inserm/Unistra) viennent de mettre au point le premier revêtement biocompatible auto-défensif vis-à-vis à la fois des bactéries et des levures, destiné à recouvrir les implants médicaux. Son rôle: prévenir la colonisation des implants par des pathogènes responsables d'infections nosocomiales.
L’infection par des micro-organismes reste une des complications les plus sérieuses après un acte chirurgical ou la mise en place d’un cathéter. Chaque année en Europe, 5 % des patients admis dans les hôpitaux contractent une maladie nosocomiale et 10 % d’entre eux en meurent. Certains pathogènes multi-résistants aux antibiotiques conventionnels adhèrent au dispositif implanté et se multiplient jusqu’à former un biofilm à l’origine de maladies associées aux soins. L’immobilisation de molécules antimicrobiennes sur des biomatériaux pourrait être une alternative envisageable pour empêcher la formation de tels biofilms.
Le premier revêtement biocompatible auto-défensif vis-à-vis à la fois des bactéries et des levures, mis au point à Strasbourg par la technique couche-par-couche, est à base de polysaccharides: le chitosan (CHI) et l’acide hyaluronique (HA). Il contient également de la cateslytine (CTL), un peptide endogène antibactérien et antifongique qui a été greffé sur HA (HA-CTL).
La libération des peptides antimicrobiens (CTL) est obtenue par le pathogène lui-même qui produit l’enzyme responsable de la dégradation du revêtement. Il empêche donc la prolifération des bactéries de Staphylococcus aureus et des levures Candida albicans à son contact. Ces pathogènes, parmi les plus communs et virulents responsables des maladies nosocomiales, produisent de la hyaluronidase, une enzyme responsable de la dégradation du film et de la libération de CTL. La libération du CTL antimicrobien favorise ainsi l’élimination des pathogènes.
Suite à la mise en place du nouveau contrat quinquennal et à la réorganisation des laboratoires, la brochure sur les unités de recherche et les écoles doctorales de l’Université de Strasbourg vient d’être mise à jour.
La diffusion de ce document est en cours mais des exemplaires supplémentaires peuvent vous être adressés sur simple demande auprès de Déborah Aubry-Thomas au Service communication. Vous pouvez également retrouver la brochure sur le site web de l’université.
Par ailleurs, nous vous rappelons que le dépliant sur les composantes ainsi que celui sur les chiffres-clés 2012 sont toujours disponibles.
Le projet Interreg/Offensive Sciences "Manifestations bucco-dentaires des maladies rares"* organise, dans le cadre du mois de l'Europe en Alsace, une visite guidée du Centre de référence pour les manifestations odontologiques des maladies rares jeudi 16 mai 2013 de 17 h à 18 h.
Ce projet transfrontalier vise à favoriser la connaissance, le diagnostic et la prise en charges des pathologies buccales et dentaires des patients atteints d’une maladie rare. Il est le fruit de la collaboration de structures universitaires, hospitalières et de laboratoires de recherche allemands et français de Strasbourg, Fribourg et Heidelberg, ainsi que de partenaires associatifs. Les résultats de ces travaux s’adressent aux patients et aux professionnels de santé pour leur proposer de nouveaux outils de diagnostic et des thérapies efficaces. C’est notamment à l’aide de cohortes transnationales de patients que les chercheurs vont collecter les données significatives et identifier les bases moléculaires des anomalies bucco-dentaires.
La visite du centre, destinée au grand public et aux associations de maladies rares, permettra de mieux faire connaître les activités du projet de recherche de même que sa dimension transfrontalière et européenne.
Pour en savoir plus sur le projet, voir aussi L'Actu n°62.
Recherche et valorisation*Ce projet, lauréat de l’Offensive Sciences de la Région métropolitaine du Rhin supérieur (RMT), est cofinancé par le Fonds européen de développement régional (Feder) de l’Union européenne, dans le cadre du programme Interreg IV Rhin supérieur. "La 22e édition de la Fête de la science se déroulera du 9 au 13 octobre 2013. Si votre laboratoire souhaite présenter un stand au sein du Village des sciences du Palais universitaire, une réunion d’information se tiendra le lundi 13 mai à 10 h sur le campus historique.
Cette manifestation nationale, initiée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, représente le temps fort annuel permettant à la communauté scientifique et au grand public de se rencontrer au sein d’un passionnant festival de sciences.
Stands, animations, rencontres, conférences, visites de laboratoire… Il existe de très nombreuses façons d’impliquer votre équipe de recherche dans cet évènement, que ce soit au sein d’un village des sciences ou dans le cadre de conférences, animations scolaires, visites, etc.
Toutes les disciplines scientifiques sont invitées à prendre part à ce festival. Cette année, la thématique de l’eau sera particulièrement à l’honneur dans le cadre de l’Année internationale initiée par l’Organisation des nations unies. L’intitulé « de l’infiniment grand à l’infiniment petit » a, par ailleurs, été retenu comme thème national.
L'Université numérique thématique consacrée aux champs disciplinaires des sciences humaines, des sciences sociales, des lettres, des langues et des arts se nomme l’Université ouverte des humanités (UOH). Pour favoriser une meilleure réussite des étudiants et contribuer au développement de l’université numérique française, l’UOH offre sur son portail librement accessible des contenus pédagogiques validés scientifiquement, pédagogiquement et techniquement : texte, audio, vidéo, multimédia, etc. Les ressources proposées sont des compléments et/ou des supports aux cours en présentiel qui permettent la diversification des modes de transmission des connaissances et offrent la possibilité à tous les établissements supérieurs de construire des stratégies d'enseignement s'ils le désirent.
• 8 793 inscrits
• 20% des effectifs de l'université
• 43% issus de pays européens
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 22 mai midi pour une parution le vendredi 24 mai 2013.
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